Nicolas Lacroix est trop gentil et il le reconnait volontiers.
Il aime aussi rendre les gens heureux et les faire rire, ça a toujours été le cas.
C’est à l’école primaire que Nicolas réalise qu’il abrite deux personnes en lui. L’une timide et discrète se fait oublier dans un coin de la classe, l’autre découvre le pouvoir du rire en reproduisant des sketchs vus à la télé. Du haut de ses 8 ans, sur un coin de table en guise de scène, il fait d’abord rire la famille avant d’oser se lancer devant sa classe. Le succès est tel qu’il est invité le midi dans la salle des profs pour divertir son monde et découvrir par la même occasion le plaisir de faire du bien. Son avenir se fera sur scène, ça se confirme lorsque sa grand-mère l’emmène voir une pièce de théâtre dont il ressort fasciné.
S’il ne doute pas de sa vocation, Nicolas n’est pourtant pas pressé. Depuis toujours, il aime apprendre et sa curiosité l’entraine sur tous les terrains professionnels dont il aura besoin à l’avenir. Dans l’ordre, il découvre le graphisme et la construction de sites web. Il enchaine avec quelques années de travail en coulisses dans la production de spectacles. Nicolas regarde tout, apprend, engrange les idées, s’amuse et comprend qu’il ne faut pas aller trop vite. Il croit plus au travail qu’au talent. Il attend son heure et prépare le terrain sans calcul et sans cynisme, en prenant plaisir à envoyer du positif à son entourage. Autour de lui, les gens sont unanimes, ce garçon est vraiment (trop) gentil.
C’est le premier confinement qui va lui ouvrir les portes de ses envies. Encouragé par ses proches, il publie une première vidéo sur Tik Tok. Soixante mille vues en deux jours. Etonné, Nicolas se prend au jeu. Vidéo après vidéo, les mois de confinement vont lui permettre de se faire connaitre sur les réseaux sociaux. La communauté s’agrandit, les capsules de Nico ont de plus en plus de succès. Il parle de ce qu’il connait, de ce que nous vivons tous au même moment, il tourne en dérision un quotidien chamboulé, un monde qui tourne au ralenti, une jeunesse oubliée qui a besoin de vivre, de rire des autres et d’elle-même. Nico est sincère, il est humain, il est (trop) gentil et ça ne trompe pas. Deux ans plus tard, plus d’un million et demi de fans suivent ses vidéos au quotidien.
Pourtant, Nicolas sait que la vraie vie est ailleurs. Il rêve de planches, de spots, de rires en direct et de visages illuminés. Il a envie de scène, il a envie de se confronter au public, de sentir l’humain, de sortir du virtuel et de vérifier qu’il peut rendre les gens heureux en vrai. Il a envie de retrouver ses sensations d’enfant debout sur un coin de table ou porté par les rires de ses camarades de classe. Le catalyseur de son désir profond va se matérialiser sous la forme d’un grand frère, il s’appelle GuiHome. Les deux ont beaucoup en commun, à commencer par leur succès sur les réseaux sociaux. Nicolas trouve une oreille attentive et avisée qui l’aide à se lancer en lui permettant de garder ce qui fait le sel de sa personnalité.
Il sera donc question dans ce premier spectacle d’un garçon trop gentil qui ne sait pas dire non mais qui n’en pense pas moins. Regarder le monde, parler de ce qu’il connait, tourner son coming out en dérision, s’inquiéter de l’avenir de la langue quand Wejdene aura pris la place de Baudelaire, imaginer qu’une assistante virtuelle puisse faire office de psy. Arriver toujours à la même conclusion, celle qui existe depuis la nuit des temps, c’était mieux avant. Nicolas assume son côté un peu vieux jeu, celui d’un jeune homme nostalgique embarqué dans un monde trop rapide. L’air de rien, il dit beaucoup des angoisses de sa génération.
Nicolas Lacroix sait qu’il a besoin de temps et il veut aller à son rythme. Aujourd’hui, même si les réseaux sociaux occupent une place importante, il continue à apprendre pour faire évoluer le rêve auquel il accède avec ce premier spectacle. Il sait qu’un artiste ne se fait pas en un jour et il redoute l’explosion en plein vol. Pas question de se reposer sur ses lauriers, surtout s’ils sont virtuels. Il est suffisamment lucide pour savoir qu’une salle peut se remplir grâce à Tik Tok mais que les suivantes seront vides s’il n’est pas à la hauteur. Du coup, il travaille encore et toujours pour mériter chaque rire et chaque applaudissement et il aime ça.